N° 33 – juillet et août 2016
« La paix ? Je pense à de jolies choses et à l’amitié » Lison 9 ans
Ce sont les mots simples d’une enfant écrits sur le cahier mis à disposition dans une chapelle de l’église. En ce début de juillet tout avait bien commencé par de « jolies choses et de l’amitié » dans l’effervescence du Tour de France passant à Sainte Mère. La Maison de la Paix n’était pas en reste : une grande banderole « je roule pour la paix » et sur le sol du jardin la colombe déployée rêvant d’être vue du ciel par les étranges oiseaux hélicoptères ! Du suspens, de la joie, des rires, les jours étaient à la fête et le cœur de la France battait à l’unisson de cette fête populaire.
Et puis les Français ont pleuré des larmes de sang après le massacre de Nice et l’assassinat du Père Hamel. Pourquoi tant d’horreurs ? Les ruines d’Alep traduisent de plus en plus la détresse des populations et bouleversent les artisans de justice et de paix. Le Liban suffoque avec ses millions de réfugiés. Le chaos turc stigmate les recherches de compromis. La paix est une supplique !
Et à la Maison de la Paix, comme sur un grand cahier de vie, jour après jour ce sont écrites les pages blanches de ces deux mois d’été, recueillant comme en bouquet d’espérance tout ce qui illumine la vie de gouttelettes de paix.
Avant le drame des attentats nous étions invitées par l’imam de Cherbourg à la fin du Ramadan et avons participé au repas suivant la rupture du jeûne. Le Pape François supplie de construire des ponts et de nous connaitre pour mieux nous reconnaitre.
Le décès tragique du Père Hamel a suscité une grande vague de communion entre toutes les personnes de bonne volonté, refusant de céder à la peur et à la vengeance. L’arme de l’amour reste la prière. Plus d’une centaine de personnes sont venues participer à la célébration de prière pour la paix, que nous avons préparée et animée dans l’église de Sainte Mère. Instant d’émotion, de gravité, à travers silences, textes, chants, orgue et grande prière d’intercessions. Le psaume 84 « Fais-nous voir Seigneur ton amour… amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent » reste profondément ancré dans l’aujourd’hui de notre espérance.
Mi-juillet des éclats de joie résonnent dans le jardin par l’arrivée des Sœurs Missionnaires de l’Evangile, de « tous pays et de toutes nations ». Venant découvrir le berceau de leur famille religieuse, elles se sont arrêtées chez nous pour connaitre la mission de la Maison de la Paix. Echange fraternel, coloré par les diverses expériences interculturelles. Le bonheur simple et pur d’une rencontre.
Quelques jours plus tard, nous recevions toute une famille allemande dont le papy avait été prisonnier pendant la guerre. Une grande enveloppe est arrivée d’Allemagne quelques semaines plus tard avec un lot de poèmes écrits de sa plume et illustrés. Ce sont toujours des séquences « émotion » que ces rencontres.
Ouvert au public, dans nos espaces verts, le Jardin de la Paix, avec pour thème : « La Paix est toujours possible », est régulièrement visité. Son parcours balisé comme un chemin de paix offre à travers les 18 stations, un havre de méditation par les textes exposés et signés d’artisans de paix dans le monde. Les quelques échos entendus témoignent de l’intérêt de ce jardin.
Les visiteurs qui s’arrêtent dans l’église, près desquels nous essayons une présence, ne manquent pas d’écrire ce qui leur tient à cœur sur les cahiers mis à disposition.
« La paix ? C’est pas de guerre, c’est que de l’amour… vivre ensemble » Tiffany
« Peut-être que lorsque les hommes auront trouvé la paix intérieure, la paix pourra venir au monde » Aline
« Peace would be forever every where”
“Pace :gioia feliata e amore”
Les expressions se déclinent en anglais, espagnol, néerlandais, italien, allemand, et autres langues, témoignant de la grande diversité des « vacanciers » venus cette année.
Frère Louis, moine de l’abbaye de Ligugé, près de Poitiers, est venu nous visiter. Nous l’avions rencontré lors de notre temps fort avec l’équipe de pilotage. Il n’est pas venu les mains vides. Auteur d’un livre « Vie Spirituelle et Mandalas », voilà qu’il nous a fait un Mandala ayant pour centre la Maison de la Paix et la forme d’un parachute. Les mandalas sont des schémas concentriques, venus de l’Inde et qui partant d’un centre aident à la lecture intérieure d’un chemin de vie. A visiter, contempler, comprendre pour tous ceux qui passeront.
Jacqueline, religieuse malgache, a vécu une grande semaine avec nous, découvrant la mission en même temps que notre région, trouvée si belle ! Qui oserait dire le contraire ?
Sont venus nous prêter mains fortes Cédric et sœur Monique, ceux que nous appelons avec un brin d’humour « les intermittents », car disponibles dès que possible.
A la demande du Père Marie-Bernard Seigneur, curé de la paroisse, tout au long de l’été nous avons assuré une permanence de dépôt de livres à la Maison Paroissiale. Livres pour enfants et adultes venus de la librairie du service catéchétique de Coutances.
Je réserve la BONNE NOUVELLE pour la fin de cette lettre, comme la cerise pavane sur le gâteau. Nous voici quatre sœurs après la longue attente, les moments de doute et d’inquiétude. Sœur Marie-Paul, de la Congrégation des Sœurs de Saint Jean de Bassel en Lorraine, arrive de son Alsace d’origine. Sœur Marijo Congrégation Notre Dame de la Salette, Philippine, débarque en direct des Etats-Unis. Un nouveau chemin à faire ensemble, habitées que nous sommes par le désir de répondre au mieux à la mission confiée : « Le service de la paix ». « S’il te plait apprivoise-moi » disait le renard au Petit Prince. Nous commençons par nous connaitre pour mieux nous reconnaitre, comme il est déjà écrit quelques lignes plus hautes. Vous en saurez un peu plus dans les newsletters suivantes.
Ainsi juillet-août ont traversé l’été, sertis de rencontres, d’accueils, d’impondérables, de repas partagés, d’heureuses promesses. La paix se tisse avec les fils du quotidien.
Sœur Anne-Françoise Angomard